La dénutrition
Normalement, vos apports caloriques ( = énergétiques) sont égaux à vos besoins énergétiques : votre poids est stable, voire peut augmenter si vous absorbez plus de calories que vous n’en dépensez.
La dénutrition est l’état du corps observé lorsque vos apports en calories deviennent inférieurs à vos besoins énergétiques.
Le corps puise alors dans ses réserves en consommant de l’énergie présente essentiellement dans les muscles sous forme de protéines : on observe alors une baisse de la force et/ou de la masse musculaire et une perte de poids.
La dénutrition peut ainsi résulter soit d’une diminution des apports caloriques par perte d’appétit (vous ne mangez pas assez par rapport à vos besoins) soit d’une augmentation de vos besoins énergétiques (maladie aigue ou chronique, infection, cancer) soit le plus souvent d’une combinaison des deux.
En obligeant le corps à puiser dans ses réserves, la dénutrition a de multiples conséquences négatives, et dans le contexte périopératoire, est ainsi responsable de :
▶ défaut de cicatrisation après une intervention chirurgicale ou après l’apparition d’une plaie
▶ augmentation de la durée de séjour à l’hôpital après une intervention chirurgicale
▶ augmentation des infections, qui sont aussi plus sévères (par baisse de l’immunité)
▶ diminution des capacités physiques avec notamment risque de perte d’autonomie et de chute chez les personnes âgées, liée à la fonte musculaire
Le diagnostic de dénutrition est fait par un(e) professionnel(le) de santé, médecin ou diététicien(ne). Il repose sur l’analyse de la variation de votre poids au cours des derniers mois. Même en surpoids chronique, vous pouvez être dénutri(e) si vous avez perdu involontairement beaucoup de poids !
Selon la sévérité de votre dénutrition, le médecin ou un(e) diététicien(ne) vous proposera différentes modalités de prise en charge, qui peuvent se combiner. Dans tous les cas, il vous est conseillé d’augmenter la fréquence des prises alimentaires dans la journée en ajoutant des collations (goûters du matin et de l’après-midi) aux traditionnels petit-déjeuner, déjeuner et dîner.
N’oubliez pas non plus de boire correctement (1 à 1,5 L d’eau ou jus de fruits, tisane par jour) sans attendre la sensation de soif.
La première étape, primordiale, est d’essayer d’augmenter vos apports caloriques et protéiques avec les aliments de votre quotidien. Pour cela, les conseils d’un(e) diététicien(ne) sont indispensables. Comme votre appétit est souvent diminué, il/elle vous orientera vers des aliments riches en énergie et protéines.
Voici les aliments à privilégier. Notez que cette liste n’est pas exhaustive et que bien évidemment vous êtes autorisé(e) à manger tous les autres aliments qui vous feraient plaisir.
Il existe par ailleurs des moyens relativement simples d’enrichir votre repas en énergie et protéines, c’est-à-dire d’augmenter la teneur énergétique du repas sans en augmenter le volume, en y ajoutant, selon que le plat soit salé ou sucré :
Même en utilisant des aliments riches en calories et/ ou protéines, vos apports alimentaires seront insuffisants dans la plupart des cas. C’est pourquoi le médecin vous prescrira des compléments nutritionnels oraux (CNO).
Les CNO sont des aliments destinés à des fins médicales qui ont tous pour caractéristique d’être riches en énergie et en protéines. Autrement dit, ils permettent de vous apporter une quantité importante d’énergie et de protéines dans un volume réduit.
Il existe différents types de CNO : biscuits salés ou sucrés, soupe, pain, brioche, crème ou poudre à ajouter à votre repas, boissons lactées, etc..
C’est à vous de choisir, avec l’aide de votre pharmacien(ne), le produit qui vous convient le mieux. N’hésitez pas à lui demander conseil.
Les CNO sont à prendre de préférence lors d’une collation, en-dehors des horaires des repas, afin de privilégier l’appétit au moment du repas. Evidemment si vous avez opté pour la poudre à ajouter à votre repas, ils se prendront au moment du repas !
Les CNO sucrés et lactés sont souvent plus appréciés s’ils sont frais : n’hésitez donc pas à les mettre au réfrigérateur !
Dans tous les cas, n’hésitez pas à demander conseil à votre pharmacien(ne) pour connaitre l’utilisation optimale des CNO que vous aurez choisis.
Les CNO sont considérés comme des médicaments. Comme tout médicament, ils vous seront prescrits sur ordonnance par un médecin et seront pris en charge par la Sécurité Sociale.
Dans certains cas, il faudra recourir d’emblée à une nutrition artificielle, qui sera d’une durée minimale de 2 semaines. Il existe 2 moyens de recourir à la nutrition artificielle :
▶ soit par voie naturelle, c’est-à-dire en vous passant des aliments sous forme liquide via une sonde naso gastrique (sonde insérée par le nez se terminant dans votre estomac).
On parle de nutrition entérale.
L’initiation de la nutrition entérale nécessite une hospitalisation qui peut s’étaler d’un seul jour à plusieurs jours.
Ensuite, une(e) infirmièr(e) prendra le relais à domicile avec l’aide d’un prestataire à domicile qui lui fournira tout le matériel nécessaire.
Ce cathéter s’appelle un PICC Line et peut être posé en ambulatoire. Par contre, l’initiation de la nutrition parentérale se fait quasiment toujours lors d’une hospitalisation. Ensuite, un(e) infirmièr(e) prendra le relais à domicile avec l’aide d’un prestataire à domicile qui lui fournira tout le matériel nécessaire.
▶ soit par voie intraveineuse, c’est-à-dire en vous perfusant directement dans les veines des aliments sous forme liquide. On parle de nutrition parentérale.
La nutrition parentérale nécessite la pose d’un cathéter («tuyau») dont l’extrémité se termine dans une grosse veine du corps.
La nutrition entérale étant plus physiologique que la nutrition parentérale, le médecin privilégiera la nutrition entérale autant que possible. Bien entendu, en cas de refus catégorique de votre part ou de rare contre-indication à la nutrition entérale, une
nutrition parentérale sera mise en place.
Qu’il s’agisse de nutrition entérale ou parentérale, le médecin privilégiera le passage nocturne de la nutrition, de façon à préserver votre qualité de vie en journée. Ainsi, vous ne serez, le plus souvent, pas relié(e) à une poche de nutrition en journée et donc libre de vos mouvements.